La visite du Président de la République aux travaux du stade d’El Menzah doit avoir, à notre sens, une suite considérable. Parce qu’elle a, tout simplement, mis à nu ces défaillances de tous genres qui ont accompagné le projet controversé de «relooker» le mythique stade d’El Menzah. Face aux dires et aux affirmations du Président appuyés par un recoupement de faits et des informations officielles sur les dépassements et les manquements sur ce projet, il n’y avait que la langue de bois et les «balbutiements». Car au fond, il n’y avait pas grand-chose à dire.
Grand-chose à défendre. La reconstruction du stade d’El Menzah est un projet entaché de maintes suspicions depuis sa création. On a trop traîné d’abord entre un «relookage» et consolidation de l’ancienne architecture, et la reconstruction tout court. Et depuis, des délais très longs pour avancer dans les travaux, et bien sûr des bruits dans les coulisses sur des normes qui n’ont pas été respectées. On est à une année après le commencement du chantier, et on n’a atteint que le cinquième des travaux pour 50% prévus. Pourtant, ce n’est pas une reconstruction à 100%, c’est une consolidation poussée et un embellissement qui ont touché une partie du stade d’El Manzah. Du retard, des normes de sécurité et des matières premières pas très conformes à ce qui doit être fait, les dépassements sont sérieux. Que faire maintenant pour rattraper le temps perdu et pour améliorer la qualité du produit final ? Au fait, et à l’image de tous les travaux et d’infrastructure sportive en Tunisie, il y a un problème de responsables et de gestion. Ce n’est pas n’importe qui peut construire et gérer des stades et des salles. Ça demande plus que la technicité et l’honnêteté, ça exige un vécu, une expérience et des connaissances. Malheureusement, sur le cas du stade d’El Manzah, ce sont des gens qui ne rêvaient même pas d’avoir cette responsabilité qui ont été choisis. Ces «petits» responsables gèrent des stades comme Radès, El Manzah et bien d’autres personnes sont responsables de différentes installations sportives. Ce qu’a dit le Président de la République à propos des dépassements des travaux du stade d’ El Manzah est si grave parce qu’il s’agit de normes de sécurité et de la vie des gens. Un stade où on a manipulé les matières premières et écarté l’architecte et l’ingénieur compétents, ça ne doit pas passer comme ça. L’une des raisons des difficultés de nos athlètes et sportifs, c’est que ceux mandatés pour gérer l’infrastructure sportive sont «faillibles» et incompétents. Allez opérer un contrôle sur les stades et les salles sportives, vous allez déceler d’énormes défaillances dangereuses. Qui le paye au final? Le contribuable qui voit son argent gaspillé et profite à des promoteurs, et, bien sûr, les sportifs qui n’ont pas les moyens de s’aguerrir.